LE CALAVON ET LE LARGUE

Affluents de la Durance, le Calavon et le Largue sont des cours d’eau méditerranéens situés dans les départements du Vaucluse et des Alpes-de-Haute-Provence et sur le périmètre du Parc Naturel Régional du Luberon. Ils se caractérisent par des régimes d’étiage (période où les eaux sont basses) extrêmement sévères avec de nombreux passages à sec dans les rivières.  Cette rareté de l’eau est un enjeu pour les usages, principalement l’alimentation en eau potable et l’irrigation.

CARTE

FICHE IDENTITÉ

Calavon Largue
Source Banon (747m) Saumane (720m)
Longueur 84 km 45 km
Surface 995 km² 378km²
Principaux affluents le Grand Valat et l’Encrême en rive gauche ; Dôa, Riaille, Urbane et Imergue en rive droite La Laye (45% du bassin)
Population 65 000 habitants 16 000 habitants
Occupation des sols La forêt (42%) et les terres arables (32%) sont majoritaires La forêt et les milieux naturels sont majoritaires (70%)
Caractéristiques hydrologique régime torrentiel méditerranéen avec de longues périodes avec un débit minimal 86% des eaux prélevées sont importées de la Durance Sous-sols karstiques avec infiltration de 40 % des eaux de ruissellement régime torrentiel méditerranéen avec de longues périodes avec un débit minimal Retenue sur la Laye de 3.5 Mm3 24% des eaux prélevées sont importées de la Durance Sous-sols karstiques avec 1/3 de l’eau qui s’infiltre
Usages (hors importation d’eau de la Durance) Prélèvement à l’amont de Robion (4Mm3/an) Eau potable : 48% Usages individuels : 28% Irrigation agricole : 22%
Industrie : 2%
Prélèvement (5Mm3/an) Irrigation agricole : 56% Eau potable : 30% Industrie : 14%
Documents de gestion de l’eau
eaurmc.fr
SAGE (PNRL) Contrat de rivière (SIRCC)
Schéma d’aménagement et de gestion des eaux (SAGE) Calavon-Coulon (Rapport de présentation 23 av. 2015)
Contrat de gestion (PNRL)
Vers un Contrat pour la gestion de l’eau du bassin versant du Largue et de la Laye (avril 2012)

ENJEUX

Sur la partie amont du Calavon et du Largue, 4 grands enjeux ont été identifiés par les documents de gestion :

La ressource en eau est limitée sur ce territoire et les solutions de connexion avec la Durance ne sont pas illimitées. Il est important que les prélèvements ne dépassent pas l’eau disponible dans la rivière et sa nappe phréatique.
Des démarches d’économies d’eau sont menées par tous les acteurs du territoire: lutte contre les fuites des réseaux d’eau potable, irrigation goutte à goutte, culture économe en eau, sensibilisation du grand public, etc.
Au-delà de la diminution des consommations, des recherches pour des ressources de substitution et de sécurisation sont également en cours (transferts d’eau/interconnexions vers une ressource maitrisée, recherche de nouvelles ressources, réutilisation des eaux usées traitées, etc)

Dans certains secteurs, la qualité des eaux superficielles et souterraines est dégradée. Cela peut s’expliquer par le dysfonctionnement de certaines stations d’épuration ainsi que des pollutions diffuses issues des activités agricoles, des pratiques des collectivités et de celles des particuliers.
Le faible débit des cours d’eau réduit la capacité de dilution et d’autoépuration des rivières. Les ressources en eau superficielle et souterraine sont très vulnérables. L’amélioration de l’assainissement collectif reste à poursuivre ainsi qu’un changement de certaines pratiques impactantes sont nécessaires pour diminuer cette vulnérabilité.

Les bassins versants du Calavon et du Largue comptent des milieux naturels riches et variés : espaces forestiers, milieux ouverts ou milieux aquatiques. De nombreuses espèces remarquables vivent sur le territoire au sein d’une réserve Biosphère, de site Natura 2000 et de Zones Naturelles d’Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF).
Ce troisième enjeu est fortement dépendant de la quantité et qualité des eaux mentionnées précédemment. Pour préserver et valoriser ces milieux naturels, des démarches spécifiques de restauration et d’entretien des milieux aquatiques (cours d’eau, zone humide,…) doivent être menées.
Par exemple, l’aménagement des seuils facilitera la continuité biologique des cours d’eau et la reconquête des berges par des formations boisées (ripisylve) pour éviter leur détérioration et des phénomènes d’érosion.

Dans la réglementation française et européenne, la concertation entre les différents usagers de la ressource en eau fait partie intégrante des principes de gestion de l’eau.
Des espaces de concertation multi-acteurs existent pour la gestion du Calavon et du Largue.
Il est important que ces espaces soient connus et légitimés pour faciliter la prise de décision et sa mise en œuvre.

NB Inondation

Les bassins versants du Calavon et du Largue sont sujets à des crues torrentielles, soudaines et brutales. La protection de la population et les infrastructures contre les risques naturels liés à l’eau est un enjeu crucial pour ces rivières. Toutefois, on se focalise sur ce site internet sur les problématiques quantitatives des zones amont des bassins versants.

Et le changement climatique ?

« Les incertitudes sur l’évolution de la ressource en eau (quantité et qualité) sont très grandes. Les fortes incertitudes sur les prévisions des précipitations, la complexité des systèmes hydrologiques, la forte pression humaine sur ces systèmes et le manque de connaissances (surtout concernant le suivi instrumental des cours d’eau) rendent extrêmement difficile la modélisation de ces systèmes, et donc l’évaluation de l’impact du changement sur la ressource future.
Malgré tout, les résultats des travaux scientifiques sur la ressource en eau dans le futur montrent une trajectoire commune et cohérente pour la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. En considérant un scénario climatique médian, les débits annuels moyens, la recharge des aquifères, ou l’humidité du sol, seront probablement tous affectés par une diminution comprise entre 10 et 30 % vers 2050. »

Les ressources en eau et le changement climatique en Provence-Alpes-Côte d’Azur, Groupe régional d’experts sur le climat en PACA, juillet 2017

ÉCONOMIE D’EAU

Lorsque le manque d’eau est confirmé, il est recommandé aux territoires du bassin versant du Rhône de réaliser un Plan de Gestion de la Ressource en Eau (PGRE). Ce plan réalisé en concertation avec les usagers de l’eau sur le Calavon et le Largue comporte :

  • Les volumes disponibles pour chaque usager (collectivités et irrigants) avec les règles de répartition de l’eau

  • Les objectifs de réduction et d’économie d’eau

  • Les actions à mener

Les acteurs sont donc engagés à mettre en œuvre des actions d’économie d’eau et de développement de techniques innovantes.
Les communes sont engagées dans des démarches d’optimisation et d’amélioration de leurs captages et réseaux actuels. L’amélioration des rendements pour l’approvisionnement en eau potable permettra de faire des économies en eau. Une meilleure connaissance et un diagnostic des réseaux est nécessaire pour intervenir sur les fuites et renouveler le patrimoine.

En concertation au sein de la commission locale des irrigants, les agriculteurs ont convenu de respecter des volumes maximum autorisés en prélèvement à l’étiage (= période critique de basses eaux allant de 3 mois pour le Calavon à 5 mois, de juin à septembre inclus pour le Largue). Ces volumes baissent respectivement à l’horizon 2021 et 2025 pour le Calavon et le Largue, dans l’objectif d’atteindre un équilibre entre prélèvements et disponibilité des ressources. Ces objectifs progressifs de baisse des prélèvements agricoles sont conditionnés à la mise en place effective de ressources de substitution (retenues collinaires ou autres).

Focus : l’agriculture dans le haut Calavon et Largue

L’agriculture et l’élevage ont des places prépondérantes dans le patrimoine des territoires du Haut Calavon et du Largue.

L’agriculture y est majoritairement irriguée avec 99% des prélèvements agricoles se font en eau de surface, dans le cours d’eau et sa nappe d’accompagnement. Les 1320 ha irrigués en moyenne chaque année (SCP, 2016) ne sont pas connectés au réseau provenant de la Durance à l’Ouest ou bien ceux de la retenue de la Laye à l’Est.

Les grandes cultures et cultures destinées à l’élevage (fourrages et prairies) occupent près de 2/3 des terres cultivées. Parmi les grandes cultures, les céréales sont majoritaires, et souvent cultivées en sec. Elles ne constituent pas les productions principales des exploitations, mais interviennent, au même titre que certains fourrages, dans des rotations avec les cultures maraîchères.

Le maraichage est représenté par des cultures très variées, avec une dominante nette du melon et de la courge, mais également la salade. Des maraîchers BIO sont implantés dans ce territoire, et commercialisent leur production jusqu’à la métropole Aix-Marseille. Enfin, les cultures semencières, les plantes aromatiques et médicinales et les cultures fruitières (Cerise, raisin de table) constituent le reste de la production agricole locale.

En terme d’élevage, on récence un cheptel d’environ 3000 têtes. Il existe une réelle dynamique agricole sur ce territoire très rural : l’âge des exploitants est inférieur à la moyenne du Vaucluse et le taux d’installation y est supérieur. Et ce même si ces exploitations sont confrontées à des contraintes de plus en plus fortes sur leurs ressources en eau.

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