LE PROJET EXPÉRIMENTAL

Read’Apt c’est un projet de recherche partenariale pour évaluer la pertinence et la faisabilité de réutiliser des eaux usées traitées dans le Luberon. C’est aussi une expiration sur le site pilote de Saint Martin de Castillon pour tester et analyser la qualité des eaux, des sols et des plantes irrigués.

HISTORIQUE

Les bassins versants du Haut-Calavon et du Largue sont situés dans le Parc naturel régional du Luberon, à cheval entre les départements de Vaucluse (84) et des Alpes de Haute Provence (04), au Nord du massif du Luberon. Ils sont situés dans une zone climatique de type méditerranéen et dans un contexte géologique karstique. Les rivières se retrouvent sans eau (assecs) 2 années sur 3 avec par conséquent des usages qui ont des difficultés à s’approvisionner en eau.

Les bassins sont sujets à des sécheresses successives avec le déclenchement chaque année d’arrêtés avec des restrictions sur les consommations d’eau.

Le Calavon et le Largue sont classés par l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse, structure de gestion territoriale de l’eau, en « déficit quantitatif » (SDAGE 2010-2015). Cela signifie que les milieux naturels risquent d’être perturbés car les prélèvements sont a priori plus importants que les ressources en eau disponibles. Des études d’évaluation des volumes prélevables doivent alors être conduites.

SDAGE RMC 2009

Le classement du bassin versant du Largue en Zone de Répartition des Eaux (ZRE) est un signal fort de reconnaissance du déséquilibre durablement instauré entre la ressource et les besoins en eau. La ZRE suppose en préalable à la délivrance de nouvelles autorisations, l’engagement d’une démarche d’évaluation précise du déficit constaté, de sa répartition spatiale et de sa réduction en concertation avec les différents usagers, dans un souci d’équité et un objectif de restauration d’un équilibre.

Les études volumes prélevables confirment le déséquilibre (CEREG, 2013). En concertation avec l’ensemble des acteurs de l’eau du territoire (SAGE du Calavon et Contrat de Gestion du Largue) des objectifs fixant une diminution progressive et conditionnée de tous les prélèvements ont été décidés sur les deux rivières.

Etudes d’estimation des volumes prélevables globaux (Calavon, octobre 2013)

Etudes d’estimation des volumes prélevables globaux (Largue, novembre 2013)

Une étude (SCP, 2016) identifie et caractérise les ressources de substitution possibles aux prélèvements agricoles dans le Haut-Calavon et le Largue : retenues collinaires, forages profonds, éventuellement réutilisation des eaux usées et raccordement aux réseaux d’irrigation structurants voisins.

L’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse lance un appel à projets destiné aux collectivités et industriels qui réalisent des études et des travaux visant à réutiliser l’eau usée traitée.

Etude sur les solutions de substitution aux prélèvements agricoles dans les eaux superficielles des bassins versants du Haut Calavon et du Largue – Synthèse (SCP 2016)

Le projet Read’Apt est lauréat de l’appel à projet de l’Agence de l’Eau pour évaluer la faisabilité du déploiement d’une stratégie de réutilisation agricole des eaux usées traitées issues des stations d’épuration du Haut-Calavon et du Largue. En parallèle sont lancées les autres études et actions visant à substituer et à économiser les ressources locales. Le Calavon est à son tour classé en ZRE.

OBJECTIFS

  • Aborder la réutilisation des eaux usées traitées (REUT) dans toute sa complexité par une approche partenariale multithématique

  • Apporter des références complémentaires locales aux connaissances techniques et sanitaires de la REUT

  • Valider des modèles de REUT adaptés et transposables aux petites collectivités rurales

  • Apporter des outils pour aider les collectivités, agriculteurs, territoires qui pourraient être intéressés

ÉTUDE TERRITORIALE

Les acteurs du territoire et notamment les élus de la Communauté de communes d’Apt Luberon (CCPAL) sont convaincus de la nécessité de soutenir l’agriculture du territoire, et conscients de son facteur limitant essentiel : l’eau.

Dans ce contexte, ils ont décidé d’évaluer la possibilité de réutiliser les eaux usées traitées issues d‘une vingtaine de stations d’épuration, en ressource de substitution pour l’agriculture irriguée.

Une étude de faisabilité a démarré en mai 2018 pour évaluer ces possibilités sur l’ensemble des stations d’épuration du territoire d’Apt à Forcalquier.

La collecte de données est réalisée principalement par l’intermédiaire d’enquêtes auprès :

  • Des agriculteurs

  • Des communes

  • Des associations

  • Des institutions territoriales

  • Des habitants

SITE PILOTE

Cette action est conçue et suivie en collaboration étroite par les équipes de l’Institut de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (IRSTEA), de la SCP et de la Chambre d’agriculture des Alpes de Haute Provence. L’objectif est d’évaluer les impacts sanitaires, environnementaux et agronomiques de la réutilisation des eaux usées traitées, sur le matériel d’irrigation, les sols et les cultures.

Un pilote expérimental a été installé sur une parcelle de 960m² voisine à la station de St Martin de Castillon Village. Pendant 3 saisons, les chercheurs, ingénieurs et techniciens des trois structures testent et suivent différentes modalités d’irrigation.

  • Différentes cultures :
    Orge (2017), blé dur (2018), courge (2019)
  • Différentes eaux :
    Eau potable, eau ‘secondaire’ issue de la station, eau ‘tertiaire’ issue de la station après transit dans une lagune.
  • Différentes techniques d’irrigation :
    Aspersion, goutte à goutte de surface.

Ce dispositif expérimental a été validé et son exploitation autorisée par un arrêté préfectoral délivré le 30 mai 2018.

Des études complémentaires sur la survie de pathogènes en fonction du mode d’apport ont été conduites en conditions contrôlées (serre) et in situ sur une culture d’orge.


Schéma simplifié du dispositif de reut à partir de la station d’épuration (STEU)

PARTENAIRES

L’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse (AERMC),

financeur du projet, est un établissement public du ministère de l’environnement, dédié à la préservation de l’eau. Elle perçoit une redevance sur l’eau payée par tous les usagers. Chaque euro collecté est réinvesti auprès des collectivités, acteurs économiques et agricoles pour lutter contre les pollutions et mieux utiliser l’eau disponible, à travers un programme pluriannuel d’intervention (2019-2024). Par ailleurs, l’Agence de l’Eau organise la concertation avec les acteurs locaux, produit et diffuse la connaissance sur l’eau.

https://www.eaurmc.fr/

La Société du Canal de Provence (SCP),

porteur du projet, est une société d’économie mixte ayant le statut original de Société d’Aménagement Régional (SAR). Elle a pour mission la création et la gestion des réserves et ouvrages de transport d’eau nécessaires, en complément des ressources locales, à la desserte du territoire régional et la fourniture d’eau aux communes, particuliers, agriculteurs et industriels.

http://www.canal-de-provence.com/

La Communauté de communes du Pays d’Apt en Luberon (CCPAL),

collectivité partenaire, est composée de 25 communes. La CCPAL a pour objet le développement et la solidarité des communes adhérentes. Elle exerce en lieu et place des communes membres plusieurs compétences telles que l’eau et l’assainissement. La CCPAL est ainsi responsable de l’exploitation de 36 stations d’épuration.

https://www.paysapt-luberon.fr/

Le Parc Naturel Régional du Luberon (PNRL),

a pour vocation de concilier les activités humaines avec la protection et la préservation des patrimoines naturels et culturels, à travers une politique innovante d’aménagement et de développement économique, social, culturel et paysager. Le PNRL est ainsi largement impliqué dans les actions de gestion de l’eau sur le Calavon et le Largue, bassins versant qui font partie de son territoire.

https://www.parcduluberon.fr/
zoom sur ses missions eau :
https://www.parcduluberon.fr/terre-de-rencontre/eaux-et-rivieres/

Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (IRSTEA),

est un centre de recherche publique. Il conduit une recherche environnementale concentrée sur l’eau, les écotechnologies et l’aménagement des territoires. Sur un modèle de recherche « finalisée », il a pour vocation de répondre aux enjeux environnementaux et sociétaux. IRSTEA s’implique sur le sujet de la réutilisation des eaux usées traitées depuis plusieurs années avec notamment la plateforme PRESTI de l’UMR G-EAU.

https://www.irstea.fr

La Chambre d’agriculture des Alpes de Haute Provence

s’inscrit dans une stratégie globale de développement des territoires et d’accompagnement des futurs agriculteurs, des agriculteurs et salariés agricoles quel que soit leurs filières de production mais aussi des collectivités et des acteurs du territoire. La réutilisation des eaux usées traitées peut être un élément de réponse à l’enjeu de l’irrigation dans les territoires ruraux. Les Chambres d’agriculture souhaitent être parties prenantes dans l’évaluation des opportunités et des risques liés à la pratique.

https://paca.chambres-agriculture.fr/la-chambre-dagriculture-des-alpes-de-haute-provence/

ECOFILAE,

est une société de conseil et de formation indépendante créée en 2014, disposant d’une expertise reconnue en France et à l’international dans les domaines de la valorisation des eaux usées de toutes origines et de la gestion des eaux et des sols salés.

https://www.ecofilae.fr/

Institut Méditerranéen des Sciences de l’Information et de la Communication (IMSIC),

regroupe une soixantaine d’enseignants-chercheurs et doctorants dans les Universités d’Aix-Marseille et Toulon. Le laboratoire mène des travaux liés aux relations sciences sociétés, à la diffusion des connaissances, aux questions cruciales tels que les transitions écologiques, l’aménagement des territoires, la santé et l’éducation. L’équipe en communication environnementale travaille depuis quelques années sur les enjeux de la ressource en eau.

http://www.imsic.fr/